Le moratoire sur la vente des terres ivoiriennes est l’une des solutions proposées par Tiémoko Assalé pour résoudre les désordres qui règnent dans le domaine du foncier en Côte d’Ivoire. Mais cette solution, selon l’analyse de Jean Bonin pourrait porter un sérieux coup à l’économie ivoirienne.
Un moratoire de 3 ans sur la vente des terres ivoiriennes, c’est la proposition faite ce dimanche par Tiémoko Assalé, pour mettre fin au désordre qui règne dans le foncier urbain. Ces derniers mois, le député maire de Tiassalé a été l’un des rares élus ivoiriens à prendre une position tranchée dans les crises foncières ivoiriennes. Dans l’affaire Komé Bakary, le journaliste d’investigation a dénoncé de nombreuses irrégularités dans la procédure de délivrance de l’ACD à l’acquéreur, qui rappelons-le fait l’objet de plusieurs plaintes en Côte d’Ivoire. Pour mettre fin au désordre qui règne dans le domaine du foncier en Côte d’Ivoire, Tiémoko Assalé propose dans son programme, un moratoire de 3 ans sur la vente des terres en Côte d’Ivoire.
Mais cette alternative, selon Jean Bonin, pourrait provoquer l’effondrement de plusieurs secteurs d’activité lié au domaine urbain en Côte d’Ivoire : «Suite au décryptage de votre promesse de campagne relative à la suspension des ventes de terrains durant une période de 3 ans, vous venez, à l’instant, dans une publication, de préciser votre proposition. Je vous en remercie. Désormais, vous déclarez vouloir imposer un moratoire de 3 ans sur la vente des terres en Côte d’Ivoire, sauf en location avec promesse de vente. Vous promettez de restaurer les droits expropriés, récupérer les terres de l’État, traiter tous les contentieux en moins d’un an, tout en réservant la terre ivoirienne aux seuls Ivoiriens. Et vous fondez cette promesse sur 14 années d’enquête personnelle….
À Abidjan seulement, le marché foncier génère plus de 600 milliards FCFA par an. Il nourrit des centaines de milliers d’emplois : notaires, géomètres, promoteurs, agriculteurs, artisans du BTP. Une telle mesure, même ciblée, provoquerait un effondrement de l’investissement immobilier, agricole et industriel. Vous ne proposez pas un audit : vous proposez une mise sous cloche du pays pendant 3 ans. Ce n’est ni raisonnable, ni réalisable.», a déclaré le juriste ivoirien. Face aux nombreux litiges fonciers, le ministère de la construction avait lancé deux enquêtes, dont une en interne, afin de situer les responsabilités.
Plusieurs élus ont pris la parole pour soutenir les victimes expropriées de leurs terres, en appelant à des solutions urgentes. Le moratoire sur la vente des terres en Côte d’Ivoire est la solution proposée par Assalé Tiémoko. Mais cette solution fait débat, selon l’analyse faite ce dimanche 15 juin par Jean Bonin. Le juriste ivoirien, après avoir salué l’initiative proposée par le député maire de Tiassalé, l’a appelé à revoir sa copie sur la question du moratoire sur les terres ivoiriennes :
«Je salue votre volonté de formuler des propositions concrètes, loin des querelles de personnes qui ont trop longtemps pollué la vie politique ivoirienne. Cet effort de recentrer le débat sur les idées mérite d’être reconnu. Mais pour que vos engagements gagnent en crédibilité et ne restent pas de simples effets d’annonce, il est indispensable de vous entourer d’experts et de vous appuyer sur une documentation rigoureuse, notamment dans les domaines aussi complexes que le foncier.», souligne le juriste ivoirien.